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Je me sentais très proche de Rolf. Je pouvais lui parler très facilement. Sa mort m’a dévastée. Je n’ai jamais plus été la même depuis qu’il n’est plus là. J’aimais arpenter les réserves avec Rolf, pour le choix des costumes. Je me souviens de la fois où il est venu chez moi pour réparer ma machine à laver. Il me faisait tellement penser à mon père, si créatif et si pratique à la fois. Je n’oublierai jamais la fois où, c’était pendant les répétitions de Keuschheitslegende (La légende de la chasteté), il m’a dit : « Je rêve de t’enflammer et ensuite, te propulser dans l’audience. » Nous avons sérieusement réfléchi comment nous y prendre ! Plus tard ce soir-là, au restaurant yougoslave où nous avions nos ronds de serviette, j’ai commandé mon dessert préféré, de la glace avec un coulis de cerises chaud. Le serveur a accidentellement renversé l’alcool du réchaud sur moi et mon bras a pris feu ! Heureusement que je portais un vieux pull en laine de mon père, j’en suis sortie indemne... C’était comme un tour de magie ! … Nous avons tous été bouleversés par la mort de Rolf ... Nous pensions que nous ne pourrions plus jamais monter de pièce sans lui ... mais il fallait que nous donnions à Pina la force de créer une belle pièce dédiée à Rolf. Pour Rolf ... Quelque part, sa mort m’a enlevé ma timidité et mes peurs ... une espèce de force a pris le dessus ... Je voulais créer un beau paysage, pour lui ... des collines et des vallées vertes et luxuriantes, avec des arbres, des rivières, des ruisseaux ... un paysage parfait ... une force intérieure a rejailli ... et nous avons créé 1980, pour Rolf ... Rien n’a plus jamais été pareil.


Extrait de Rolf Borzik und das Tanztheater, publié par le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch lors du 20ème anniversaire de la mort de Rolf Borzik en 2000.

Traduit de l'anglais par Mireille Onon


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